Un instant, un regard

En promenade lors d'un dimanche sans grande prétention dans un petit centre commercial, me voilà attiré par une librairie. J'erre sans but, n'ayant pas grand chose à faire, enfin, il serait plus exact de dire que je n'avais pas envie de faire grand chose. J'attrape en passant le livre Les enfants de Dune qu'il me manquait pour compléter ma collection.
Les minutes passent, je navigue de rayonnage en rayonnage, un moment dans les albums photos, un autre dans les livres d'informatique . On ne se refait pas complètement :)

Tout se passe lentement, sans réelle innovation. Le temps semble s'étirer comme dans la représentation de Dali (à voir ici), et rien d'exceptionnel ne se passe. Jusqu'à cet instant fatidique.

Un instant, c'est le mot. On ne pourrait le qualifier de moment, ce n'était pas assez long. Il m'a suffit de me retourner, pour changer de rayon, pour la rencontrer. Ou plus exactement, rencontrer son regard. C'est le genre d'instant magique qui semble durer une éternité, et qui paradoxalement, ne dure jamais assez longtemps.

Un instant, juste un instant, pour que nos regards se croisent. Elle est face à moi, je me décale pour la laisser passer, galanterie oblige. mon regard plonge dans le sien, et le sien dans le mien. Un instant magique. Tout semble en osmose sur ces quelques secondes. Comme si nous nous connaissions depuis toujours alors que quelques secondes auparavant, nous étions de parfait inconnus l'un pour l'autre. Tellement subjugué par son regard, je ne saurais vous dire comment elle était habillée, si elle portait des bijoux ou autres accessoires. C'est ce genre de regard qui vous donne l'impression, ou plutôt qui m'a donné l'impression (je ne vais pas généraliser) de tout connaître d'elle. Ce genre de regard qui même si je savais tout d'elle, me donnait envie d'en savoir encore plus. Ce genre de regard , plein de magie, et qui véhicule tant d'intensité que je me voyais déjà avec elle, partageant des instants rien qu'à nous. Si intense que je me souviens avoir senti mon coeur s'emballer. J'imagine qu'il en était de même pour elle. Même si une gêne se ressent, son visage reste serein, plein de bonheur.

Cela n'a duré que quelques secondes, elle est arrivée à côté de moi, la tête tournée encore vers moi, et la mienne vers elle, puis elle est partie. La magie était rompue. D'inconnus auparavant, passés par une intimité presque trop forte, nous étions redevenus de parfaits inconnus, et ce, pour longtemps, trop longtemps...